QAG sur la situation économique de la Grèce

Ce jeudi, lors de la séance consacrée aux questions d’actualité au gouvernement, André Gattolin interpellait le ministre Michel Sapin sur la situation économique de la Grèce, quelques jours après la victoire de Syriza lors des élections législatives. (Seul le prononcé fait foi)

Merci Monsieur le Président, ma question s’adresse à M. Michel Sapin, ministre des finances et de comptes publics. Monsieur le Ministre,

L’histoire semble parfois resservir les mêmes plats.

Il y a 3 ans, presque jour pour jour, j’interpellais ici même le gouvernement sur la situation en Grèce, à l’heure où la troïka obtenait l’approbation de son second plan d’aide et de rigueur.

Sans surprise, trois ans après, l’économie grecque reste percluse et le peuple se débat toujours dans d’inadmissibles souffrances.

Le contexte social, économique et politique a pourtant beaucoup évolué à la fois en Grèce et au niveau européen.

Au printemps 2012, les pays de l’Union étaient tout entier accaparés par l’objectif de réduction de la dette et de la dépense publique, alors qu’aujourd’hui nous nous interrogeons enfin sur les effets d’une croissance en berne, d’un chômage toujours plus élevé et d’une quasi-déflation totalement contreproductive pour nos économies.

En 2012, pour éviter un défaut de paiement de la Grèce qui aurait entrainé un effondrement de la zone euro, nous avons imposé à ce pays les vieilles recettes du FMI en pareille situation : baisse des salaires, des retraites, de l’emploi public…etc. Mais nous sommes-nous préoccupés des véritables problèmes structurels rencontrés par la Grèce et sur laquelle l’Europe ferme pudiquement les yeux depuis son adhésion en 1981 ?

Je veux bien sûr parler des incroyables privilèges dont bénéficie une petite oligarchie qui regroupe armateurs, église orthodoxe, grands possesseurs de comptes à l’étranger ?

Non !

Nous avons surtout pressuré ceux qui étaient les plus faciles à pressurer et c’est pourquoi il ne faut pas s’étonner de ce qui vient de se produire dans les urnes la semaine passée.

Pourtant, dans les jours qui ont précédé la victoire devenu inéluctable de Syriza, nous avons enfin entendu des voix se disant prêtes à rediscuter le plan d’austérité de la Grèce en échange de mesures comme la réforme du cadastre, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale…

Monsieur le Ministre, nous croyons fermement que, dans le contexte actuel, il revient aujourd’hui à notre pays de prendre l’initiative pour redonner un véritable sens politique aux propositions qui seront faites par l’Union.

C’est pourquoi nous aimerions savoir quelles propositions concrètes la France entend suggérer pour relever un défi qui n’est pas qu’économique et financier, mais aujourd’hui profondément politique car mettant en jeu les valeurs démocratiques supposées fonder le projet européen.

Je vous remercie.